Par Yasmine Develle, Présidente Nationale ACE – Avocats, Ensemble Avocat associé Mineral avocat
Depuis plus de vingt ans, notre profession semble prisonnière d’une boucle temporelle : celle d’une réforme de la gouvernance toujours annoncée, jamais accomplie.
En 2001, le bâtonnier Farthouat appelait déjà à la réforme du CNB.
En 2009, le rapport Darrois dénonçait notre manque d’unité.
Et puis 2014, 2017, 2023… même diagnostic, même inertie.
Pendant que le monde change, nous stagnons.
Chaque dérobade, nous condamne à revivre indéfiniment la même journée.
Celle où les rapports s’empilent, les réformes s’annoncent et les espoirs s’éteignent.
Il est désolant de constater que notre profession est incapable de réagir : le monde avance et il avance bien plus vite que notre capacité à régler nos problèmes.
Le CNB, né pour rassembler, doit redevenir ce lieu d’unité et de dialogue dont nous avons besoin. Certes, la participation électorale reste faible et le sentiment de représentation, insuffisant. Mais plutôt que d’y voir une fatalité, faisons-en un point de départ.
Le moment est venu de rétablir la confiance, de renouer le lien entre les institutions et les confrères.
Il est urgent que le bien commun l’emporte sur les calculs politiciens.
Les confrères attendent avant tout de leurs représentants qu’ils parlent d’une seule voix, qu’ils s’accordent sur une feuille de route claire, lisible et tournée vers eux avant tout.
Car les défis sont immenses : le budget de la justice est contraint, l’économie est fébrile, les exigences de nos clients s’accroissent, et notre Etat de droit et du droit est fragilisé.
Face à ces enjeux, d’autres professions du droit se réinventent. À nous de le faire, ensemble, sans crainte ni calcul.
L’ACE porte cette ambition : avancer concrètement, notamment sur la question de l’honoraire de présentation, sur la TVA applicable à nos prestations, autant de sujets qui touchent à l’économie des cabinets.
Il est également crucial que nous mettions toutes nos forces dans la bataille s’agissant de la défense de notre secret professionnel – dont la protection semble se réduire à peau de chagrin.
Les enjeux que nous portons depuis des années, et principalement celui de l’intelligence artificielle, ne relèvent plus de la prospective mais de l’actualité la plus brûlante. Elle constitue un levier d’opportunité qui permet aux avocats de se recentrer sur leur valeur ajoutée : le conseil stratégique de haut niveau.
Autant de sujets essentiels pour l’avenir de la profession.
Aujourd’hui, il ne s’agit plus de pointer nos divergences, mais de construire ensemble une vision commune. De retrouver l’audace : celle d’affronter les vrais sujets, même quand ils dérangent.
À l’ACE, cette audace est dans notre ADN. Nous faisons ce que nous disons, et disons ce que nous faisons.
La profession n’a plus le luxe d’attendre.
Cessons de revivre la même journée. Osons, enfin, écrire la suivante.
