Par Olivier de MAISON ROUGE, Avocat associé – Lex-Squared, Docteur en droit
« Cigars, whisky and No sport ! … Mon seul exercice consiste à marcher aux enterrements de mes amis sportifs … »
Tel le mot que l’on prête à Churchill, passé à la postériorité parmi les phrases célèbres et autres aphorismes approximatifs ou apocryphes néanmoins restés dans l’Histoire.
Somme toute, sauf par provocation dont le goût ne lui déplaisait pas, il est assez peu probable qu’il en fit une véritable maxime. En effet, avant de devenir le célèbre Premier ministre qui résista à l’Allemagne nazie, il avait déjà un parcours bien rempli et une expérience militaire et politique chargée dont l’effort physique ne fut pas absent, loin s’en faut.
Ainsi, fut-il membre de l’équipe de natation du collège d’Eton dont le palmarès a été régulièrement couronné de succès sous sa participation. Devenu militaire, il participa aux campagnes du Soudan et en Inde, ainsi qu’à la guerre des Boers où il s’illustra en qualité de cavalier.
C’est dire s’il a su endurer des activités physiques âpres et rudes.
Et son goût pour le combat devait lui permettre d’approuver l’expression du Baron Pierre de Coubertin : « Le sport est le culte volontaire et habituel de l’exercice musculaire intensif, appuyé par le désir de progrès et pouvant aller jusqu’au risque ».
Mais il est vrai qu’il avait également cultivé un penchant pour la dive bouteille et les cigares, ce qui ne fait pas bon ménage ; il mourut cependant à 90 ans.
La véritable phrase qu’il convient de lui attribuer est en réalité celle-ci qui lui sied davantage : « une pomme par jour éloigne le médecin ; à condition de bien viser » aimait-il ajouter.
Au-delà des bons mots, il faut admettre que l’exercice physique est toujours nécessaire pour un équilibre de vie, et notamment pour les avocats qui peuvent y trouver un dérivatif ou la faculté d’expulser certaines tensions accumulées dans le cadre de l’exercice professionnel.
Mais il est vrai que le droit est aussi un sport, parfois éprouvant, ne ménageant pas les jambes ni la tête. Le droit associe de même l’esprit de progression, la prise de risque et des enjeux. La pratique du droit est tout autant une compétition, une course d’obstacles, une mise à l’épreuve, nécessitant entraînement, échauffement, abnégation et au final il y a des victoires, des récompenses, un score et un podium. Cela crée également enthousiasme, émotion, communion collective ou individuelle et parfois déception.
Dès lors, le sport a ses règles comme le droit a ses codes, et réciproquement.
Et leur pratique intensive oblige à la même discipline.
C’est pourquoi on se réfèrera sans restriction à la doctrine de Montaigne « mens sana, in corpore sano ».