Par Olivier de MAISON ROUGE, Avocat – Rédacteur en chef
L’écologie a été préemptée par les idéologies politiques ; c’est un fait. Pour autant, la réflexion juridique ne doit pas être absente de la question environnementale, bien au contraire. Cela doit en être une donnée essentielle et structurante, avec une distance et une hauteur de vue nécessaires.
En matière énergétique, par exemple, la France du général De Gaulle avait su investir sur le nucléaire civil, afin de contribuer à son indépendance. On sait depuis lors combien ce choix fut payant pour la France, d’une part, et de quelle manière elle fut la cible privilégiée des guerres informationnelles autour de l’atome, d’autre part.
Mais ce choix – audelà de l’autonomie stratégique destinée à réduire la dépendance aux autres acteurs économiques – devait s’avérer prémonitoire et audacieux. On sait désormais que cette énergie est faible consommatrice en carbone, parmi les plus neutres au monde. D’ailleurs, même le Japon, a pourtant été durement affecté par une catastrophe naturelle lors du tsunami de 2006, ayant touché l’une de ses centrales, qui avait abandonné cette énergie y revient. Il ne s’agit pas ici de louer aveuglément cette énergie qui présente également des risques indéniables. Pour autant, elle a largement fait ses preuves et fait l’objet d’un contrôle strict.
La France avait incontestablement un avantage certain dans ce domaine. Pour une fois, elle devançait même l’Allemagne qui – bien que soucieuse de son industrie – avait abandonné l’atome pour relancer ses extractions de charbon, contribuant à reconsti- tuer une économique carbonée.
Elle a néanmoins abdiqué sous le poids des dénonciations médiatiques, d’une part, et des mécano politico-industriels Framatome-Areva-Orano, d’autre part. L’Europe a eu sa part dans cet affaiblissement indirectement téléguidé par les Allemands. Areva et EDF ont depuis lors été recapitalisées chacune pour près de 10 milliards d’Euros chacune par l’Etat français alors qu’elles étaient extrêmement rentables en plus d’assurer l’autonome stratégique de la Nation. EDF avait longtemps le monopole de la vente d’électricité. A travers elle, l’Etat avait investi sur des énergies autonomes, au bénéfice de la population française, selon un prix réglementé. La libéralisation – ainsi que les menées antinucléaire – ont eu la peau de ce fleuron. Alors que ses réserves fi nancières étaient considérables il y a encore 15 ans, permettant d’assurer l’indépendance stratégique en finançant à long terme des transformations industrielles, EDF a vu depuis lors – en vendant à perte de l’électricité à ses propres concurrents au nom d’une prétendue concurrence, forcément asymétrique car les nouveaux acteurs n’ont jamais supporté les investissements originels – sa trésorerie asséchée. EDF est désormais menacée de démantèlement.
A ce stade, il est encore vain de croire que d’autres énergies renouvelables seront suffisantes à court terme.
Nous voyons croître des énergies nouvelles – faiblement décarbonnées – telles que le photovoltaïque ou l’éolien. A l’heure où l’on abandonne – sans doute à juste titre – le moteur à explosion à énergie hydrocarbure, le besoin d’énergie électrique n’a jamais été aussi pressant. Or, non seulement ces ressources alternatives n’offrent pas les mêmes capacités de production, mais par surcroît elles créent une nouvelle forme de pollution, plus grande encore. En effet, que penser des fermes à panneaux solaires – comme il en pousse en Espagne – ou des champs d’éoliennes, désormais off shore, en mer qui porte atteinte à notre littoral ; le béton des côtes n’avait pourtant pas suffi ? Ces infrastructures consomment tout d’abord davantage qu’elles ne le prétendent, mais encore elles défigurent nos territoires.
Précisément, puisque l’urgence climatique a été décrétée, il convient de penser cette harmonie dans son ensemble, et s’abstenir, au nom d’un autre productivisme court-termiste, de sombrer dans de nouveaux actes portant atteintes à l’environnement. En effet, il ne s’agit pas de limiter la protection de l’environnement exclusivement à ses données carbones, pollutions des eaux, appauvrissement des sols, émissions de gaz, etc. C’est un tout non négociable, un ensemble savant et cohérent.
Mais on ne peut pas évoquer l’écologie sans également aborder la question démographique. L’équilibre écologique passe nécessairement par l’harmonie homme / nature. Tout être ne peut évoluer que dans un écosystème qu’il connaît, auquel il s’est adapté, à peine de dérèglement. Cela est notamment la conséquence aujourd’hui des excès climatiques et environnementaux.
Ainsi, les grands déplacements démographiques massifs, accentués par la globalisation, n’ont été que des facteurs de déséquilibres. Cela amène à des atteintes dirigées y compris contre l’homme lui-même. Ces mouvements de populations – notamment pour des motifs économiques ou sociaux – sont la cause de nombreuses atteintes portées à la planète.
Ce sont les sécheresses qui ont prospéré, la pression alimentaire qui en a été accentuée, outre les pandémies qui ne cessent de croître. En effet, les mélanges de peuples constituent un déséquilibre y compris sur le plan sanitaire. Que l’on songe que les peuples pré américains ont été majoritairement éradiqués par les maladies importées par les ibériques à la suite de Christophe Collomb. De même, la « grippe espagnole » est-elle la conséquence de la venue des armées américaines sur le sol européen en 1917. Tout ceci démontre que l’homme lui-même crée ses propres dérèglements, envers lui-même, ne laissant pas le soin à la nature de lui permettre de générer ses propres anticorps. Et l’on pourrait encore gloser sans fin sur l’apparition, aussi rapide que soudaine de la Covid-19, semblant sonner le glas de la globalisation. Peut-être sera-t-elle le tombeau des illusions.
En effet, dans les préservations des équilibres naturels précaires, nous avons retenu que tout élément allogène pouvait potentiellement être pathogène pour la faune ou la flore locale. Sur le plan démographique il en est tout autant et il serait donc vain de penser que l’on peut seulement protéger les écosystèmes environnementaux sans considérer de même le mode de vie, l’espace naturel de l’homme, la protection des équilibres, et plus généralement tout ce qui compose son environnement global, sa culture, ses croyances, son histoire, la biologie, en d’autres termes : la Civilisation. Il ne peut y avoir de protection de l’environnement sans écologie des civilisations.
L’Europe a su devenir une forme de référence en matière de protection de la nature, héritage de son humanisme profond. Cette relation particulière et sincère et l’homme avec la nature, est un précédent qui a permis de façonner une approche raisonnable et raisonnée.
Puisque le monde est en voie de déglobalisation, cette opportunité est à saisir dès à présent, faisant du respect de l’homme et des civilisations un enjeu fondamental dans le cadre des rapports économiques, au même titre que les intérêts fondamentaux de la Nation.
C’est l’objet de ce dossier consacré aux thématiques désormais incontournables que sont l’énergie, l’environnement et la biodiversité.