Vincent LETAMENDIA
Co-fondateur
LE DROIT POUR MOI
vletamendia@ledroitpourmoi.fr
Les obligations en matière de conformité ont sensiblement été renforcées par le législateur ces dernières années. Lutte contre le blanchiment d’argent, lutte contre la corruption ou encore protection des données personnelles, l’éthique des affaires et la compliance sont aujourd’hui des sujets majeurs pour les entreprises.
Parmi les obligations qui pèsent sur elles figure en bonne place la formation. Les autorités de contrôle accordent en effet beaucoup d’importance aux actions de formation et de sensibilisation mises en place dans les entreprises. Si les cabinets d’avocats sont bien présents sur les activités de conseils en la matière, très peu se sont positionnés sur le terrain de la formation digitale. Les cabinets d’avocats, qui proposent des prestations de formations à leurs clients, se limitent bien souvent à des actions de formation « en présentiel ».
Or, depuis la crise sanitaire, on assiste à une accélération très importante de la digitalisation de la formation continue, mais aussi de la digitalisation des directions juridiques. Ces deux dimensions offrent de nouvelles opportunités pour les cabinets d’avocats de développer leur chiffre d’affaire, mais aussi de mieux fidéliser leurs clients.
Un contexte porteur
Avec l’expérience du confinement, les directions juridiques ont beaucoup évolué dans leurs pratiques, notamment en matière de formation. Les entreprises ne pouvant pas inscrire les salariés à des formations en salle auprès d’organismes de formations ni organiser des sessions au sein de leurs différentes entités, les formations juridiques en e-learning se sont rapidement imposées.
Cette rapide évolution repose principalement sur trois facteurs :
- Avec la mise en place du télétravail, les salariés sont beaucoup plus à l’aise avec les outils numériques
- Les sessions à distance permettent de former et de sensibiliser un grand nombre de salariés dans un laps de temps maîtrisé.
- En s’affranchissant des contraintes géographiques et donc de déplacements, les formations digitales permettent aux entreprises de réaliser de substantielles économies.
Pour les cabinets d’avocats, cette évolution représente une formidable opportunité nécessitant peu d’investissements dans la plupart des cas.
Proposer des prestations de conseil sur la conformité avec en complément des solutions de formations digitales, présente plusieurs avantages. Au-delà du chiffre d’affaires additionnel, c’est aussi le moyen de se différencier de ses concurrents et de fidéliser ses clients. En effet, les formations sur les sujets de la conformité nécessitent d’être régulièrement renouvelées et mises à jour.
Cependant, les formations digitales ne sont efficaces que si elles ont été pensées pour … le digital. L’approche pédagogique des formations à distance ne peut pas être la même que celle des formations en salle. Une formation à distance, pour être efficace, ne peut se limiter à un simple webinar avec une information descendante. Quant aux formations juridiques en ligne, elles se limitent trop souvent à de vidéos dans lesquelles un expert traite d’un sujet dans un format inapproprié :
- Des contenus dans un jargon juridique hors de portée pour des non-juristes
- Une longueur excessive
- Et dans bien des cas, une scénarisation laborieuse très peu attractive Or, les autorités de contrôle sont très vigilantes sur « l’expérience utilisateur » des formations digitales, notamment en matière de contextualisation et d’interactivité.
C’est pourquoi les formations digitales nécessitent une approche spécifique. Aujourd’hui, tout cabinet d’avocats en droit des affaires devrait être en mesure de proposer une offre de formation digitale. Il faut simplement qu’elle soit bien pensée et adaptée aux ressources du cabinet.
Des investissements limités
Pour proposer des formations e-learning à ses clients ou prospects, il n’est pas indispensable d’avoir un catalogue de formation ou de posséder des outils hors de prix.
Une offre de formations digitales efficace repose sur trois piliers :
- Un positionnement sur quelques thématiques récurrentes et incontournables pour les entreprises
- Un dispositif pédagogique dynamique et pertinent
- Un choix judicieux d’outils et de partenaires
Un cabinet doit pouvoir proposer des formations digitales sur au moins deux sujets : l’anticorruption et la protection des données personnelles. Le droit de la concurrence, la cybersécurité ou encore la lutte antiblanchiment sont aussi des sujets qui intéressent les directions juridiques en matière de formation.
Deux modalités pédagogiques peuvent être proposées aux clients :
- Des formations asynchrones avec des « modules sur étagères »
- Des formations en live, ou « live learning »
En matière de formation sur la conformité, les « modules sur étagères » consistent à proposer des formations en ligne avec 3 composantes :
- Des vidéos
- Des fiches pratiques
- Des quiz
En fonction des sujets, les entreprises souhaitent avoir une traçabilité des formations suivies et connaître le parcours pédagogique des apprenants : il s’agit de savoir qui a suivi ou n’a pas suivi la formation. Une plateforme LMS (Learning Management System) est ici nécessaire. De plus en plus d’entreprises en sont équipées.
La réalisation de vidéos n’est pas compliquée dans l’absolu : un simple smartphone récent permet de filmer, voire même de monter une vidéo avec des applications de postproduction. Néanmoins, l’expérience auprès de nos clients montre que les directions juridiques souhaitent des formats dynamiques, sans jargon, ludiques, reposant sur des situations pouvant être rencontrées par les apprenants.
Citons comme exemple la série sur l’anticorruption que LE DROIT POUR MOI a coproduite avec la commission gouvernance et éthique du Cercle Montesquieu : « Corruption un jour, anticorruption toujours » (illustrations 1 et 2).
Cette série en 7 épisodes de 3 minutes tournés avec des comédiens rencontre un grand succès auprès des entreprises. Ludique et pratique, elle permet aux salariés de retenir les messages clés et de comprendre les bonnes attitudes à adopter. Elle est aujourd’hui disponible en 13 langues avec, en complément, des quiz et des fiches pratiques.
Bien sûr, produire une fiction juridique et développer une plateforme LMS a un coût. Mais un cabinet d’avocats peut très bien nouer un partenariat avec une société proposant ce type de dispositifs :
Le cabinet a la possibilité de proposer à ses clients le dispositif pédagogique de son partenaire. Il lui offre ainsi un débouché commercial et perçoit en retour un pourcentage sur les ventes. Quant au prestataire e-learning, il peut s’appuyer sur l’expertise du cabinet d’avocats pour une éventuelle mise à jour du contenu, voire pour créer de nouveaux contenus. Le partenariat peut aller encore plus loin avec un modèle de coproduction. Concrètement, le cabinet d’avocats participe au financement des vidéos et contribue à l’élaboration des fiches pratiques et des quiz. En retour, il y a une répartition des revenus entre le cabinet d’avocats et le partenaire.
LE DROIT POUR MOI a développé ce type de partenariat avec succès.
A noter qu’une série de vidéos peut aussi être très efficace sans forcément recourir à des acteurs ou des trucages. Des vidéos en motion design dynamique, un peu décalées, et s’appuyant sur des scripts clairs et sans jargon, peuvent aussi être redoutablement efficaces. (illustrations 4, 5 et 6).
En s’appuyant sur un partenaire expert dans l’élaboration de formations juridiques digitales, le cabinet peut proposer à ses clients des modules e-learning sur-mesure avec sa propre marque. Cela lui donne l’opportunité de laisser une trace durable dans l’entreprise.
Si les formations digitales « sur étagères » sont très utiles pour former et sensibiliser un grand nombre de salariés, les formations en « live learning » restent incontournables pour certaines populations d’apprenants. Par exemple pour former sur l’anticorruption les publics exposés aux risques. Ces formations se passent « en direct », par visio et s’appuient sur un dispositif pédagogique qui privilégie contextualisation et interactivité.
- Prenons un cas concret que LE DROIT POUR MOI a mis en place avec des cabinets d’avocats : une entreprise demande à son avocat de mettre en place un dispositif de formation sur la loi sapin 2 destiné aux commerciaux et aux acheteurs. Le dispositif proposé au client a été le suivant : tout d’abord, nous avons utilisé un outil de visio simple dans sa manipulation et connu par l’ensemble des salariés. Pour susciter l’intérêt des apprenants très en amont, nous avons réalisé une très courte vidéo « bande d’annonce de la formation » que la direction juridique a envoyé à tous les participants. Dans un second temps, nous avons conçu un court questionnaire préparatoire, dans un format bien « designé ». Ce questionnaire a été envoyé à l’ensemble des apprenants avec un très bon taux de retours. Puis, avec la Direction juridique, nous avons élaboré 4 cas pratiques. Ensuite, les sessions se sont déroulées avec des formats d’une durée de 2 heures. Chaque session était limitée à 20 personnes, avec la possibilité de les répartir à un moment donné de la formation en 4 classes virtuelles de 5 personnes (la plupart des outils de visio proposent cette option). Chaque groupe a travaillé sur les cas pratiques en utilisant les documents internes de l’entreprises pour les résoudre. Puis, ensuite, restitution des travaux de chaque groupe en « assemblée plénière » et apports de l’avocat-formateur qui va conclure la formation par la co-construction d’un guide des bonnes pratiques. Ce type de dispositif fonctionne très bien auprès des entreprises :
- Utilisation de la visio, aucune contrainte géographique et technique
- Formation pratique et adaptée au contexte des apprenants (critères importants pour les autorités de contrôle)
- Manipulation (et donc appropriation) des documents internes à l’entreprise
Nous venons de le voir, il est aujourd’hui possible pour TOUT cabinet d’affaire de proposer seul, ou avec des partenaires, des formations digitales à forte valeur ajoutée pour ses clients. En matière de compliance, les attentes des entreprises sont immenses et le nombre d’acteurs proposant des dispositifs innovants et percutants reste encore limité. Il y a des places à prendre…
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