Par Olivier de MAISON ROUGE, Avocat – Docteur en droit, Rédacteur en chef

Je préfère Audiard à Godard, mais je préfère Fellini à Audiard. Michel Audiard

Qui n’a pas en tête une des répliques cultes scellées dans le vaste monument du cinéma français par l’auteur Michel Audiard ? Qui n’a pas vu « Les tontons flingueurs » et en particulier la scène de la cuisine devenue culte ?

Michel Audiard a hissé au plus haut rang de la langue française l’argot des titis parisiens, désormais devenu une référence, voire un classique. De nombreuses expressions sont largement reprises dans le langage courant.

C’est un monde merveilleux, essentiellement en noir et blanc, des années 60 que nous a légué le scénariste et son complice réalisateur Michel Lautner. C’était l’époque d’une France industrieuse et industrielle, où il existait encore des classes sociales, des patrons caricaturaux, des « caves », des ingénues, des militaires indisciplinés, de tendres voyous et des flics qui n’en étaient pas moins parfois.

Audiard avait un sens aigu de l’anarchie et de la liberté qu’il plaçait dans la bouche de ses personnages, destinés à faire rougir le bourgeois, non sans une certaine autodérision de sa part.

Mais Audiard s’adresse aussi aux avocats et plus largement aux juristes. Tant de phrases prononcées en dérision sur la Justice, la police, les avocats, etc. Son monde interlope ne pouvait pas ignorer les images d’Epinal en matière de répression et de ses auxiliaires. C’est aussi le notaire véreux du mexicain, chargé des basses besognes et de l’éducation –  un peu lâche – d’une jeune fille en quête de frivolité dans ces années d’insouciance.

Ceci nous a donc inspiré pour proposer ce numéro consacré au droit selon Audiard et puiser dans son œuvre autant de répliques et bons mots à décliner sous l’angle juridique, non sans humour.

Après tout, dans ce petit monde de la Justice, la sentence souvent définitive nous amène parfois à penser « Les cons ça osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ». On est toujours le con d’un autre somme toute.

Ce sujet étant le préféré du grand Audiard, nous ne pouvons faire l’impasse sur une conclusion que nous lui empruntons :


– Je t’enverrai un gonze dans la semaine. Un beau brun avec des bacchantes. Grand, l’air con.
– Ça court les rues, les grands cons.
– Çui-là, c’est un gabarit. Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre-étalon ! Y serait à Sèvres !

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