Réforme de la formation professionnelle – Revue ACE n°155

par Charlotte ROBBE,

Avocate associée du cabinet BWG,

Vice-Présidente de la Commission Textes, Membre de la Commission Formation professionnelle du CNB,

Membre du bureau de l’ACE

Un travail de réflexion a été mené par le Conseil national des barreaux (CNB), sous la précédente manda- ture (2018-2020), autour de la formation des avocats et de l’accès à la profession.

Cette réflexion avait pour objectif d’améliorer la formation des jeunes avocats et de modifier les modalités d’accès à la profession afin de les adapter aux exigences croissantes de compétence des avocats.

Elle s’est matérialisée par un certain nombre de propositions qui ont été transmises par le CNB au Ministère de la Justice, lequel avait par ailleurs créé un groupe de travail coprésidé par Madame Sandrine Clavel et Monsieur Kami Haeri pour disposer de recommandation sur les mêmes thèmes.

C’est désormais sur la nouvelle mandature du CNB (2021- 2023), et plus particulièrement sur la « commission Formation », que repose la concrétisation des réformes envisagées. Ces réformes relèvent tout à la fois du domaine de la loi (modification de la loi du 31 décembre 1971 relative à la formation professionnelle) et du décret (modification du décret du 27 novembre 1991 relatif à la formation professionnelle).

Le CNB était favorable à un déclassement des mesures relevant du domaine de la loi, considérant qu’elles ressortaient plutôt du niveau réglementaire et qu’il aurait été souhaitable de leur faire retrouver leur juste place dans l’architecture juridique.

Or, nous avons malheureusement été confrontés à une double difficulté : le refus par le Conseil constitutionnel de déclasser au niveau réglementaire tant la question de la durée de la formation initiale que celle des conditions d’accès à la profession d’avocat1, et l’absence de véhicule législatif « disponible » sous l’actuelle Présidence et législature (la décision du Conseil constitutionnel ayant été rendue le lendemain du dépôt du projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire).

Par conséquent, les réformes législatives envisagées (à savoir la réduction de la durée de la formation initiale de 18 à 12 mois et l’introduction de la condition d’obtention d’une maîtrise en droit pour accéder à la profession d’avocat) sont différées à la prochaine mandature législative.

Le CNB n’a toutefois pas abandonné les réformes relevant du domaine du décret, qui peuvent quant à elles être envisageables à court terme. En effet, lors de l’Assemblée générale du 4 juin 2021, il a été décidé de privilégier une réforme à périmètre plus restreint mais pouvant faire l’objet d’un décret dans un délai relativement bref plutôt qu’un chantier à plus long terme avec un périmètre plus large pour bénéficier d’un véhicule législatif, ce qui aurait posé le risque d’un énième report de la réforme de la formation professionnelle. Seront donc exclues de la réforme à venir les modifications de l’examen d’entrée à l’examen du CRFPA et la question de la durée de la formation.

Le décret attendu « durant l’hiver » devrait permettre des évolutions afférentes aux régimes de formation initiale, de formation continue, voire de la spécialisation.

Outre les propositions visant à réformer l’organisation institutionnelle de la formation pour plus d’efficacité, le CNB souhaite renforcer l’obligation de formation continue, notamment pour les jeunes avocats (en prévoyant une obligation de formation de 30 heures les 2 premières années d’exercice professionnel dont 10 h consacrées à la déontologie et 10 h à la gestion du cabinet), et pour l’avocat spécialiste (obligation de consacrer 10 h de formation continue au domaine de spécialisation). Il est également question de sanctionner le non-respect de l’obligation de formation continue par l’omission.

Il pourrait s’agir aussi de revoir les modalités d’examen du CAPA (notamment en remplaçant les actuelles épreuves écrites et l’épreuve de langue par le contrôle continu et en renforçant l’importance de l’épreuve de déontologie), mais la volonté de la chancellerie n’est pas acquise sur ce point.

Un travail de concertation est désormais en cours à la DACS, en collaboration avec le Président de la commission formation du CNB, Jean-François MERIENNE. La réforme devrait voir le jour au 1er trimestre 2022 et ainsi permettre aux avocats de demain d’être mieux armés face au contexte concurrentiel et exigeant dans lequel ils sont amenés à évoluer.

  1. Conseil constitutionnel, décision n° 2021-292 L du 15 avril 2021.

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